Archéologie du sensible
À travers une série de sculptures et d’installations sous la forme de boites-objets créées dans le cadre de la recherche-création qu’elle a menée lors de sa résidence artistique de Coaticook, Isabelle Anguita présente Archéologie du sensible, un projet inspiré de l’enquête ethnographique qui lui a permis de mener des entrevues avec des résidents de Coaticook afin qu’ils lui racontent l’histoire d’un objet-souvenir personnel de leur choix.
Depuis 2005, Isabelle Anguita explore dans ses peintures, sculptures et installations les notions de reconstruction symbolique du soi au travers de la reformulation visuelle de mémoires affectives. D’objets-mémoire à œuvres-miroirs, ce processus cyclique de projection de soi dans l’œuvre par le biais de l’invention de nouveaux récits visuels devient à son tour la base de nouvelles œuvres. Il s’agit d’un processus créatif libérateur, ancré dans le réel.
La présente exposition s’articule autour des thèmes de l’identité, des deuils, des traces et de la résilience. Ceux-ci sont illustrés par une quinzaine de sculptures et d’installations réalisées consécutivement à une résidence d’artiste effectuée à Coaticook. Lors de cette résidence, Isabelle a mené des entrevues avec des résident.e.s de Coaticook afin qu’ils lui racontent l’histoire d’un objet-souvenir personnel de leur choix. Elle a, ensuite, mis en relief des significations et motifs récurrents ayant un fort potentiel narratif et visuel ainsi qu’une résonance particulière avec les thématiques traversant sa démarche personnelle. Cette approche lui a permis d’intégrer la voix des participant.e.s à l’intérieur même de son travail plastique, mêlant ainsi l’intime et le collectif. Les œuvres de l’exposition sont reliées entre elles par l’utilisation d’objets et textiles domestiques, souvent personnels, de même que des matériaux naturels ou factices (fleurs, coquillages, fourrure). Par ailleurs, l’utilisation de techniques artisanales telles que le modelage à l’argile, la soudure à l’étain, et différents travaux textiles, crée un univers qui, additionné aux références issues de la culture populaire et domestique, plonge les visiteurs dans une ambiance familière et nostalgique.
Élevée en France, née en Océanie de parents espagnols et français, eux-mêmes émigrés du Maroc, les mémoires familiales et les souvenirs d’enfance sont le point d’ancrage du travail d’Isabelle Anguita. Après avoir utilisé des photographies et des documents d’archives, elle se sert maintenant de la fascination nostalgique qu’exercent sur elle des objets d’un quotidien désuet pour créer des sculptures et des installations qui reformulent un nouveau récit intime.